Libye: renforcer le gouvernement d’union, objectif de la conférence de Tunis

par g5sahelnow

libyeUne cinquantaine de pays et des organisations internationales étaient réunis ce mardi 12 avril à Tunis lors d’une conférence sur la Libye parrainée par l’ONU.

Leur but : réfléchir aux moyens de soutenir le gouvernement libyen d’union nationale, soutenu par l’ONU, qui cherche à affirmer son pouvoir en Libye depuis fin mars. L’économie était au centre des discussions. Les participants se sont engagés à soutenir financièrement le nouvel exécutif. Mais les chantiers sont immenses.

Le gouvernement libyen a exposé ses priorités immédiates pour reconstruire le pays et relancer son économie. Le ministre libyen de la Planification a listé les défis économiques les plus urgents de son équipe, le gouvernement d’union nationale reconnu par l’ONU.

Parmi ces priorités : redémarrer le système bancaire, aujourd’hui à l’arrêt ; relancer les exportations de pétrole, un secteur fondamental pour l’économie libyenne ; fournir à nouveau des services publics de base aux Libyens, c’est-à-dire mettre fin aux coupures d’électricité par exemple, ou encore remettre sur pieds les services de santé. Mais selon l’Organisation mondiale de la santé, c’est de 50 millions d’euros dont la Libye aurait besoin rien que pour reconstruire le secteur sanitaire et hospitalier.

En effet, la situation sur place est catastrophique, comme l’explique Ali Al Zaatari, le coordinateur humanitaire de la mission de l’ONU en Libye : « Le secteur de la santé a besoin d’un soutien immédiat, il peut s’effondrer à tout moment. Il y a un nombre considérable de déplacés internes : plus d’un demi-million de personnes a besoin d’assistance, en particulier dans l’est, à Benghazi. Nous devons aussi nous pencher attentivement sur la question du statut légal des migrants et des réfugiés. Il ne faut pas qu’il y ait de crise humanitaire en Libye en 2017. »

Lutter contre l’EI reste une priorité

En réponse, l’Allemagne, les Etats-Unis ou encore le Qatar se sont engagés à verser 18 millions d’euros pour soutenir le nouveau gouvernement libyen. La majorité de cet argent sera débloquée dès cette année. Cette somme sera consacrée à la reconstruction des infrastructures et des services publics de base. L’objectif est de fournir au moins le début d’une réponse à la crise humanitaire dans le pays.

Défis économiques mis à part, la sécurité et la lutte contre le groupe EI restent une préoccupation majeure ont rappelé les représentants du gouvernement libyen reconnu par l’ONU.

L’ONU a-t-elle voulu aller trop vite ?

Et justement, ce gouvernement d’union nationale, parrainé par l’ONU, ne fait pas toujours l’unanimité. En effet, les deux gouvernements déjà en place dans le pays s’opposent à sa venue. Selon Patrick Haimzadeh, ancien diplomate français en Libye (2001-2004), la manière dont l’ONU l’a imposé n’y est pas pour rien : « Ca a commencé au moins de décembre, le 15, quand il y a eu cette réunion en Italie demandant aux parties de signer un accord trois jours plus tard. Finalement, ils ont signé un accord imparfait avec un certain nombre de parties qui étaient dans la négociation, mais qui de facto n’ont pas été associées à l’accord puisqu’il y avait encore des points de blocage. Donc du coup, cela a retardé l’arrivée du gouvernement. Un accord obtenu sous la pression des Nations unies ou de la communauté internationale, puisque ce sont les grandes puissances qui sont derrière, joue plutôt à rebours : cela fait apparaître le gouvernement d’union nationale comme étant une entité imposée de l’extérieur. »

« Si on demande à Sarraj d’aller s’installer ailleurs et d’avancer encore des cartes trop vite, ça risque de générer des réactions en retour et d’arriver à un véritable blocage, conclut Patrick Haimzadeh. Ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui, puisque les gens discutent et certains sont prêts à faire des concessions. »

→ Libye: cinq ans après, de la révolution au groupe EI

En attendant, le gouvernement d’union nationale parrainé par l’ONU a obtenu le soutien de deux institutions-clé : la Banque centrale et la Compagnie nationale du pétrole. Mais il attend encore le vote de confiance du Parlement de Tobrouk, qui contrôle l’est du pays. Un vote qui pourrait avoir lieu dès lundi prochain.

 

 

Source: RFI

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