L’Organisation est née en 2014, d’une volonté commune de lutter contre le terrorisme en alliant sécurité et développement. Alors que les groupes terroristes opèrent en passant d’un pays à l’autre pour mener des attaques, se ravitailler ou rejoindre des zones refuges, le G5 se dote d’outils régionaux et planifie régulièrement des opérations conjointes avec le soutien de l’opération Barkhane.
Coopération transfrontalière
Le 20 novembre, des chefs d’Etat du G5 Sahel avaient été marqués par les attentats de Bamako et avait poussé les responsables politiques à annoncer le lancement d’une force anti-terroriste conjointe… dont les contours restent flous.
En réalité, les pays du Sahel travaillent déjà ensemble, notent les experts, dans le cadre d’opérations militaires transfrontalières qu’il faut considérer comme « la première étape fonctionnelle de cette force » : onze opérations de ce genre ont été déjà été menées.
La dernière l’opération « Gabi » (Force) mobilisant près de 300 militaires maliens, burkinabè et français est actuellement en cours à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, avec un poste de commandement tripartite à Sévaré-Mopti. Mais ces opérations sont programmées des mois à l’avance, et « les terroristes très bien renseignés parviennent souvent à passer entre deux ratissages. Il faut combler les trous entre les planification », note un spécialiste.
Fluidifier l’échange de renseignement
Pour faciliter l’alerte et les échanges de renseignements, la rédaction d’ « annuaire cartographique », qui répertorient les numéros de téléphone portable des militaires des deux côtés d’une même frontière a été lancée. « Une fréquence radio commune est maintenant utilisée », précise un militaire malien depuis son poste de commandement tactique.
Plus ambitieux, le projet de plateforme de coopération de sécurité sur lequel travaille le G5 avec l’élaboration d’un réseau internet sécurisé. « Il faut déjà mettre en place les tuyaux, et après les forces de sécurité se parleront et échangeront », conclut un expert français. Sur le terrain la question des droits de poursuite en territoire voisin reste encore délicate. Ponctuellement, les incursions sont autorisées, mais rien n’est formalisé. A ce niveau, l’essentiel des discussions se fait en bilatéral, et pas encore à l’échelle du G5.
Pour fluidifier les déplacements dans les pays membres dans la zone G5, il a été décidé de supprimer les visas pour les acteurs du G5. Ici, certains parlent même de la mise en place d’une compagnie aérienne trans sahélienne, tant il est vrai que les liaisons aériennes est-ouest sont compliquées en Afrique. « Il faut que le G5 reste un accélérateur opérationnel », « attention à ne pas trop grossir quand même », concède un militaire.
Un centre régional de renseignements généraux
Autre projet ambitieux : le Centre sahélien d’analyse des menaces et d’alerte précoce, soutenu par l’ONU, vient petit à petit s’agréger au G5. « C’est quelque chose d’important. Il s’agira des renseignements généraux de toute la zone », résume-t-on ici. Il pourrait rejoindre à Bamako le Collège sahélien de sécurité, qui fonctionnait jusqu’alors sur un mode itinérant mais dont il a été décidé qu’il serait désormais « fixé » donc dans la capitale malienne, avec une aide financière de sept millions d’euros venant de l’Union européenne.
Le Comité de défense et de sécurité s’est prononcé aussi pour l’installation de l’Ecole régionale de guerre dans ses locaux mauritaniens à Nouakchott. Reste encore à trouver des financements. La prochaine étape, probablement mai prochain, sera donc une table ronde des partenaires financiers. « Je pense que l’on pourra s’entendre sur des projets alliant sécurité et développement, des routes par exemple. C’est bien là l’esprit du G5 », conclut son secrétaire permanent Najim El Hadj Mohamed.
Source : RFI