Processus de Paix au Mali : La diaspora malienne en France décrypte l’accord d’Alger

par g5sahelnow

ambassadeur fouleCo-organisée par le Centre pour le Dialogue Humanitaire avec le Collectif des Maliens de France pour la Paix et la Dynamique des Foyers, une rencontre a eu lieu, le  à Paris, pour mieux faire connaître l’Accord et engager un dialogue avec des représentants de la diaspora.

La rencontre a réuni près d’une centaine de personnes dans leur diversité, membres de la diaspora voici la

Synthèse des discussions

– Un Accord pour la paix et la réconciliation très discutable : les participants se sont dits inquiets de l’insécurité persistante au Mali malgré la signature de l’Accord pour la paix. Ils ne voient pas de progrès dans la mise en œuvre de cet Accord qu’ils jugent imparfait et dont certains le considèrent comme un « non-Accord ».

Deux thèmes ont suscité des réactions vives de la salle, le maintien du terme « Azawad » dans l’Accord ainsi que la question des Autorités intérimaires. Les Maliens de la diaspora sont très attachés à la République, une et indivisible. Malgré l’intervention des panélistes, qui ont expliqué que ce terme n’apparaît que pour décrire un terroir, les participants ont considéré son maintien comme un signe de faiblesse de l’Etat vis-à-vis des groupes armés. D’aucuns ont en effet reconnu que les négociationsµ avaient été faites dans une situation de grande faiblesse pour l’Etat, ce qui expliquerait certaines concessions.

– Un Accord trop favorable aux régions du Nord : pour nombre de participants, l’un des problèmes de cet Accord porte sur les nombreuses concessions faites aux régions du nord. Ils estiment qu’il n’offre rien en échange aux régions du centre et du sud, qui subissent directement et indirectement les effets de la crise. Cela se ressent notamment aux niveaux des dispositions politiques comme celle liée à la création d’autorités intérimaires au nord alors que les régions du sud attendent depuis des années le renouvellement de leurs conseils municipaux, faute d’élections communales. M. Berthe a expliqué que les autorités intérimaires n’avaient pas vocation à remplacer les conseils municipaux mais à remplacer de façon temporaire ceux qui ne fonctionnaient pas en attendant les prochaines élections municipales.

– L’absence de prise en compte de la région de Mopti dans l’Accord : les participants sont préoccupés par l’absence de prise en compte de la région de Mopti qui subit de la crise depuis le début et accueille aujourd’hui beaucoup de déplacés…

– Préserver la cohésion nationale: les participants craignent que la mise en œuvre de l’Accord n’entame la cohésion sociale. Par ailleurs, les interventions dans la salle ont montré que chaque communauté se considère victime de cette crise. Les participants regrettent que l’Etat ne se préoccupe pas de toutes les victimes de la même manière. Ils ont le sentiment que seuls ceux qui ont pris les armes, ont droit à une reconnaissance. Ils se demandent s’il ne s’agit pas d’un encouragement à prendre les armes. Certains s’inquiètent de la question des « quotas » telle que posée dans l’Accord. Selon eux, elle entérine la discrimination ethnique au Mali, ce qui leur paraît très grave. Pour les participants, il est important de ne pas entamer la cohésion nationale et l’unité nationale. Pour pallier cela, ils estiment qu’il serait indispensable d’organiser une grande rencontre nationale inclusive sur l’Accord pour la paix au Mali.

Les participants se demandent également si l’armée malienne va être en mesure de retourner à Kidal et si les services de l’Etat malien vont pouvoir y fonctionner. Les rapports entre les sédentaires et les nomades, des agriculteurs et des éleveurs, restent très présents dans les discussions et constituent une source de tension supplémentaire dans les zones les plus affectées par la crise.

– La responsabilité de chacun de contribuer au développement : certains se demandent à quoi a servi l’aide publique au développement consacrée aux régions du nord, estimant qu’aucune autre région du sud du Mali, n’avait été autant soutenue financièrement.

– Remettre la justice au cœur des préoccupations : les participants estiment que la question de la justice n’apparaît pas suffisamment dans l’Accord. Ils s’étonnent par ailleurs que certains coupables d’exactions durant l’occupation au nord aient été arrêtés puis relâchés et se retrouvent aujourd’hui au sein des groupes signataires. Ils se demandent si la justice finira par les juger.

– Les patrouilles mixtes : certains mettent en doute l’efficacité des patrouilles mixtes et notamment le fait que l’on fasse assurer la sécurité par des membres des groupes armés. M. Berthe a expliqué que les patrouilles mixtes avaient démarré depuis le mois de novembre et que ce sont des éléments des mouvements qui opèrent avec les forces de sécurité maliennes.

– Les discussions avec les groupes rebelles : certains participants se demandent pourquoi l’Etat a engagé des discussions avec les groupes représentés au sein de la CMA et la Plateforme mais ne veut pas parler au Front de Libération du Macina, très actif en ce moment dans le centre du pays. Ils considèrent que parler avec l’ensemble des groupes rebelles en présence peut contribuer de manière plus pérenne à construire la paix.

– Le retour des réfugiés : les participants se sont dits préoccupés par le sort des réfugiés et des déplacés qui se trouvent dans les pays limitrophes. Ils ont demandé des précisions sur leur rapatriement. M. Konaté, en charge de ce dossier au sein du Ministère de la Reconstruction du Nord a indiqué qu’en avril 2016, étaient retournés, 453 059 réfugiés. Il reste encore 144 794 réfugiés.

– Regarder vers l’avenir : les participants ont fait très peu allusion aux crises précédentes. Ils se sont néanmoins demandé si le Mali allait enfin tirer les leçons du passé pour éviter de reproduire les mêmes erreurs.

Conclusion

Cette rencontre a permis de mettre en évidence les préoccupations de la diaspora malienne et leurs attentes vis-à-vis de l’Accord et sa mise en œuvre. Les discussions ont révélé la diversité communautaire importante, que l’on constate également au Mali

 

 

Source: Le Republicain (ml)

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