G5 Sahel : Combattre l’extrémisme violent et la radicalisation par le discours alternatif

par Tiéssira Dembelé

Présenter les premiers résultats de l’« initiative des Mourchidates » et réfléchir à la pérennisation de cette activité de prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent ainsi qu’à sa duplication au G5 Sahel – c’est l’objectif d’une rencontre d’échanges qui s’est tenue les 23 et 24 mai 2022 à Nouakchott. 

L’activité a été organisée par l’antenne mauritanienne de la CellRad, la Cellule Régionale de prévention de la Radicalisation et de l’Extrémisme violent (G5 Sahel). Elle a regroupé, en plus de représentants des Ministères en charge des Affaires islamiques et de la Culture, la Cellule nationale de lutte contre le terrorisme, les représentants des CellRad des pays membres du G5 Sahel, les « mourchidates » de Nouakchott, de Trarza, du Guidimaka, de Aioun, de Tiris Zemmour et de Nema.

L’Objectif visé était de présenter les résultats préliminaires de l’« Initiative des Mourchidates » et de réfléchir à la pérennisation de cet type d’activité ainsi qu’à sa duplication dans l’espace G5 Sahel. Selon Oumoul Khairh DIOP, superviseure dans la Wilaya de Tiris Zemmour pour le projet, les « mourchidates » sont des femmes religieuses connaisseuses du Coran, des femmes leaders dans leur communauté, dans leur quartier et le projet ONUDC/G5 Sahel en a choisi 10 par Wilaya à risque pour faire la sensibilisation, la prévention de la radicalisation et l’extrémisme violent.

Oumoul Khairh DIOP, superviseure des « Mourchidates  » dans la Wilaya de Tiris Zemmour

Pour y parvenir, elles sont passées par des formations spécifiques et une dotation en outils de communication. Leur cible, c’est à partir de 15 ans dans les écoles classiques, les écoles coraniques, les lycées, les prisons, dans les quartiers à travers le porte-à-porte et la méthode a son impact ».

Pendant deux jours, l’« Initiative des Mourchidates » a été présentée de même que les activités déjà menées et les résultats atteints. Des témoignages de ces actrices de la Paix sur le terrain ont permis aux participants de comprendre la méthode et les outils utilisés. Un représentant des a

Affaires islamiques du Royaume du Maroc a partagé, avec les participants, l’expérience de son pays en matière de prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent.

Pour Mame Laye TRAORE, Superviseure dans la Wilaya du Trarza, les « mourchitades » sont identifiées par catégorie. ¨Parmi elles, il y a les connaisseurs du Coran, mais aussi, les porteurs de voix auprès des jeunes. Pour lutter contre la radicalisation et l’extrémisme violent, nous avons reçu une formation et des outils de la part de la CellRad et du Ministère des Affaires islamiques. Notre travail aide beaucoup, mais il faut encore plus : il faut s‘organiser pour faire face aux radicaux qui sont déjà bien organisés. Les extrémistes sont soit des mécontents soit des ignorants. Nous, on prévient la radicalisation mais le mal ne peut se soigner sans toucher la racine : il faut combattre la pauvreté, l’analphabétisme, l’injustice, les inégalités, l’injustice. »

Quelques « Mourchidates » prenant part à l’échange d’expérience à Nouakchott.

Aminata Couro LY, Chargé de Projet espère que l’initiative des « mourchidates » continuera après fin juillet, 1ère échéance, en vue d’aider à pérenniser les acquis et à dupliquer la méthode dans les pays membres du G5 Sahel. Elle ajoute que leur « travail est non rémunéré, mais, bien apprécié par la Direction du Projet, puisqu’elles ont fait un travail remarquable. » Quant au choix des femmes pour faire passer le discours alternatif, « elles sont les premières à inculquer le savoir à l’enfant dans les familles et le font plus facilement ». Raison pour laquelle 70 à 90% des « mourchidates » de l’initiative sont des femmes.

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