« Le projet d’appui aux pays du G5 Sahel pour la lutte contre la COVID 19 s’exécute bien au Burkina-Faso » dixit monsieur Souako Norbert Kohoun, coordonnateur point focal G5 Sahel.

par Diagana Abdoulsalam

(0uagadougou, le 20 mai 2021: Le projet d’appui aux pays membres du G5 Sahel pour la lutte contre la COVID 19 est en marche au Burkina Faso. Financé par la Banque africaine de développement (BAD) à hauteur de plus de 10 milliards de FCFA et exécuté par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), le projet après un début difficile, connait à présent une avancée significative dans sa mise en œuvre. Pour le coordonnateur point focal G5 Sahel et superviseur du projet au niveau national,l’objectif de 100% des activités réalisées pourrait être atteint d’ici à la fin de l’exécution du projet. Pour en savoir davantage sur la mise en œuvre du projet, Boris EdsonYaméogo s’est entretenu avec le coordonnateur SouakoNorbert Kohounqui donne ici quelques précisions.

Boris EdsonYaméogo (BEY) : Le G5 Sahel a initié un projet pour lutter contre la COVID 19 ; il est mis en œuvre dans le cinq (05) pays membres dont le Burkina Faso. Quel est l’objectif de ce projet ?

SouakoNorbert Kohoun (SNK): je voudrais tout d’abord saluer cette initiative du G5 Sahel qui a vu le jour en 2020, je dirai en plein COVID 19 où l’urgence bousculait les priorités. Cela dit, l’objectif général du projet est de renforcer  les capacités des pays du G5 Sahel à réduire la propagation du virus et stopper la pandémie du COVID-19. Il vise également à appuyer la résilience des communautés vulnérableset à renforcer les capacités opérationnelles du Secrétariat exécutif du G5 Sahel et des  cinq (05) comités nationaux de coordination (CNC). De façon spécifique, il s’agira de renforcer les capacités de surveillance épidémiologique et de prise en charge des cas ; d’assurer la disponibilité des produits médicaux pour la prévention, le contrôle et le traitement de la COVID-19;d’assurer la mise en place de mesures de protection sociale au niveau des communautés cibles incluant les réfugiés et les déplacés ;de contribuer à la résilience des systèmes d’alimentation et de nutrition, enfin d’assurer la communication et la coordination.

BEY : Quels sont les secteurs d’intervention du projet et comment est-il mis en œuvre ?

SNK : Le projet touche trois secteurs principaux à savoir : les secteurs de la Santé, de la Protection Sociale et de la Résilience des communautés. Il est exécuté à travers trois (03) composantes qui se basent sur les plans de riposte COVID-19 des pays et  le plan d’action régional du G5 Sahel. Il s’agit de la composante « Appui à la réponse sanitaire à la COVID-19 » ; la composante « appui à la résilience des communautés » et celle relative à  « l’assistance technique et la gestion du projet ». Au niveau régional, la coordination est assurée par une équipe du Secrétariatexécutif du G5 Sahel et dans chaque pays membres, c’est le comité national de coordination des actions du G5 Sahel qui a la charge de supervision. Je voudrais préciser que la formulation des besoins en ce qui concerne les différentes composantes du projet est faite par les ministères sectoriels concernés par le projet.

BEY : Quelles sont les principales activités dudit projet et à quel stade sommes-nous dans la mise en œuvre  desdites activités au Burkina Faso?

SNK : Très bonne question ;c’est là tout l’enjeu du projet. Il faut dire que chaque composante du projet comporte des activités dont la mise en œuvre est faite de façon participative avec les ministères sectoriels. Je ne serai pas exhaustif mais on peut retenir comme activités pour l’ensemble de cinq (05) pays au niveau de la composante « appui à la riposte sanitaire» : lamise à disposition rapide d’au moins 151 500 kits de tests, de réactifs et consommables ; la mise à disposition de 5000 lots d’équipement de protection individuelle (EPI) ; l’achat de médicaments ; l’équipement des camps de personnes déplacées de force notamment les réfugiés et personnes déplacées internes ainsi que des communautés d’accueil en tentes médicalisées, caméras thermiques ; le suivi des cas contacts et formations d’environ 200 agents de santé. Toujours dans cette  composante, il est également prévu des activités qui permettront de renforcer la résilience  des systèmes sanitaires. Il s’agit entre autres  de : l’équipement de 09 structures de santé pour la prise en charge des cas ; l’équipement de 04 laboratoires de références (Tchad et Mauritanie); l’équipement en 95 kits de réanimation et l’acquisition de 13 ambulancesmédicalisées. Pourles activités qui concernent la composante « appui à la résilience des communauté »,je peux citer: l’acquisition et lamise à la disposition de produits alimentaires et nutritionnels à 10 000 ménages dont ceux dirigés par les femmes ; l’acquisition et la mise à la disposition d’intrants agricoles à 7500 exploitants et d’aliments de bétail à 2500 éleveurs nomades dont50% de femmes; l’acquisition d’équipements pour la production d’eau potable pour 100 points d’eau ; l’acquisition de 15 000 kits de lavage des mains au niveau des ménages et des lieux publics ; l’acquisition de kits de mise en place par les communautés de 1500 latrines améliorées au niveau des ménages et des lieux publics. Il est égalementprévu dans cette composante, la sensibilisation de proximité et la communication sensible au genre pour lutter efficacement contre la COVID-19 ; l’appui à 50 petites et moyennes entreprises (PME) et aux activités génératrices de revenus (AGR) dont 50% dirigées par les femmes. Et la dernière composante relative à «l’assistance technique et la gestion du projet » renferme comme activités,l’appui technique au secrétariat exécutif du G5 Sahel et aux comités nationaux de coordination des actions du G5 Sahel,  les formations en gestion environnementale des déchets liés à la  COVID 19 et en biosécurité. Comme je le disais tantôt, la liste n’est pas exhaustive, il y d’autres activités qui sont égalementprévues dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet qui devraient permettre de contribuer à rendre efficace la lutte contre la pandémie tout en renforçant la résilience dessystèmes sanitaires et celle des populations.

BEY : Une mission de supervision du projet, conduite par le coordonnateur du projet au niveau du secrétariat exécutif du G5 Sahel a séjournée au Burkina Faso du 19 au 23 avril 2021 afin de s’enquérir de l’état de mise en œuvre du projet. Quel est le  constat qui s’est dégagé à l’issue des travaux de la mission ?

SNK : En effet, l’équipe de supervision conduite pas monsieur Guido Kouldjim, chef de département « Résilience et développement humain »du G5 Sahel a séjourné du 19 au 23 avril à Ouagadougou. Le chef de mission était assisté de deux (02) de ses collaborateurs. Nous les avons rencontrés dans le cadre d’une réunion qui a regroupé toutes les parties prenantes dans la mise en œuvre du projet notamment le ministère en charge de  la Santé, de l’Agriculture, de l’Eau, des Ressources animales, de l’Action humanitaire et le Haut-Commissariat des Nation Unies pour les Réfugiés (UNHCR) qui est le partenaire d’exécutiondu projet. Au cours de cette rencontre, toutes les activités ont été passées au peigne fin et cela nous a permis de connaitre le niveau d’exécution de chaque activité, de relever les difficultés qui entravent la mise en œuvre de certaines activités et deformuler des recommandations pour que les activités en difficulté ou en retard d’exécution puissent se dérouler dans les meilleurs délais.   Le chef de mission n’a pas manqué  au cours de cette rencontre tenue au siège du CNC G5 Sahel, de féliciter l’ensemble des acteurs pour le travail déjà abattu. Nous avons pu mesurer également l’engagement des acteurs à poursuivre la mise en œuvre des activités en dépit des contraintes diverses. La mission a exprimé sa satisfaction et formulé des recommandations que les acteurs devraient prendre en compte.

BEY : Quelles sont les recommandations qui ont été formulées par la mission ?

SNK : Je voudrais vous rassurer que les recommandations ont déjà été prises en compte et c’est juste  sous forme d’insistance qu’elles sont revenues lors des échanges avec la mission de supervision.En fait, le bilan à mi-parcours des activités, présenté à la mission de supervision, arévélé que concernant les acquisitions des intrants agricoles, le processus est en cours avec la passation des marchés. La mission a donc recommandé au partenaire d’exécution(UNHCR) de tenir compte  de la saison despluies qui pourrait intervenir au mois de juin. Il serait donc important de rendre disponible les intrants agricoles bien avant que les pluies ne s’installent afin qu’ils soient profitables aux populations bénéficiaires. L’autre aspect des recommandations,c’est d’asseoir un cadre de concertation permanent qui facilite le partage des informations et la résolution des difficultés qui pourraient survenir dans le processus de mise en œuvre du projet.

BEY : Vous êtes le superviseur du projet au niveau du Burkinapartagez-vous ces  recommandations de la mission ?

SNK : Je n’ai pas de raison de ne  pas partager ces recommandations. Nous avons fait le point des activités ensemble avec tous les acteurs impliqués et l’inquiétude a été relevée sur la mise à disposition à temps des intrants agricoles voire de certains produits dont le délai de validité pourrait être entamé si l’utilisation n’est pas faite à temps. Je puis vous rassurer que depuis le début de la mise en œuvre du projet,  le comité national de coordination des actions du G5 Sahel mènerégulièrement des concertations avec tous les acteurs et partenaires pour pouvoir dérouler les activités du projet de façon convenable. Nous allons maintenir la dynamique tout en renforçant ledispositif de communication.

BEY : Rencontrées vous des difficultés dans la mise en œuvre de certaines activités ?

SNK : Comme tout projet, celui-là ne déroge pas à la règle des difficultés. C’est un projet conçu dans l’urgence pour parer au plus urgent, en l’occurrence la lutte contre la COVID 19. C’est un projet d’envergure qui concerne les cinq (05) pays du G5 Sahel à savoir le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso, et qui se réalise dans un délai de 18 mois. Ce qui veut dire qu’il faut aller vite et bien ; ce n’est pas toujours évident en matière de procédure de  passation de marchés où les délais sont souvent rigides. Il faut noter également que chaque pays a ses réalités et ce n’est pas toujours évidentnon plus de vouloir appliquer les mêmesprocédures même si dans le cas d’espèce se sont les procédures du G5 sahel et du partenaire d’exécution qui s’appliquent. Mais au plan administratif, nos procédures de traitements des dossiers  s’appliquent et nous sommes le plus souvent tenus de les respecter  en dépit des contraintes de temps. La difficulté majeure dans le cadre de ce projet reste la contrainte de temps avec la saison des pluies qui s’annonce.

BEY : Quelles sont les solutions que vous proposez pour gérer cette difficulté ?

SNK : Je n’ai pas solution à mon niveau pour contenir le temps. Il ne nous reste plus qu’à éviter d’en perdre davantage et à faire diligence sur le traitement des dossiers afin depouvoir respecter les délais que les différentes situations nous imposent. Il revient à l’ensemble des acteurs d’être proactif et de faire preuve d’initiative pour anticiper sur certaines opérations à réaliser. Je reste tout de même optimiste au vu du travail commun que nous avons fait avec les acteurs dans le cadre de ce projet. Nous tenons régulièrement des rencontres qui nous permettent de suivre l’évolution des activités et de prendre les dispositions pour leur bonne exécution. Dans l’ensemble, le projet s’exécute bien au Burkina Faso.

BEY : Espérez- vous voir reconduire le projet à la fin de sa mise en œuvre, si le temps ne permet pas de réaliser toutes les activités?

SNK : Moi, je ne suis pas au stade d’espérer voir la reconduction du projet, je suis dans la certitude que le Burkina Faso va réaliser toutes les activités dans le délai imparti. Et nous allons redoubler d’efforts pour que l’objectifde 100% des activités réalisées soit atteint. Si ça  c’est fait, je pourrais maintenant espérer voir un nouveau projet émerger, toujours avec l’appui de la Banque Africaine de Développement (BAD) et pourquoi pas avec d’autres partenaires, pour nous aider à consolider les acquis de ce projet. L’impact de la COVID 19 sur la société et l’économie nationale est assez lourd si bien que les efforts à consentir pour garantir le retour à un niveau normal de la situation devraient encore perdurer.

BEY : Votre mot de la fin ?

SNK : Je voudrais remercier la Banque Africaine de Développement pour son soutien financier qui rend possible la mise en œuvre  du projet au profit des pays du G5 Sahel. C’est une première dans le cadre du G5 sahel et nous souhaitons voir ce partenariat avec le G5 Sahel se pérenniser pour le bonheur des populations du Sahel. En attendant le bilan global du projet,je reste confiant que les acteurs impliqués, les ministères et  l’UNHCR, relèveront avec brio le défi de sa mise en œuvre  conformément à la feuille de route et aux modalités techniques d’exécution de chaque activité que nous avons planifiées ensemble. Mon engagement pour ce projet reste intact et je félicite toutes les équipes pour leur détermination à faire de ce projet, un modèle de réussite.

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